par Frédéric Della Giusta
Nous sommes toujours dans la funeste période de l’année synonyme de marée basse mycologique. Malgré le redoux de ces dernières semaines, le froid sibérien et les quelques flocons de neige tombés sur nous cette semaine comme la misère sur la pauvre, auront eu raison de nos espoirs de poussée printanière. Hier, lors de la sortie Bryologie en forêt d’Abbecourt, on n’aura guère trouvé qu’une Psathyrella spadiceogrisea, et encore, en mauvais état, le polypore amadouvier (Fomes fomentarius) qu’il serait bien difficile de rater tant il est commun en nos forêts franciliennes, et Leptosphaeria acuta, petit champignon noir qui pousse au pied des tiges sèches d’ortie (Urtica dioica) de l’année précédente.
Ce petit champignon est, comme le champignon de mars 2022, un pyrénomycète. Je constate d’ailleurs avec horreur que je n’avais pas donné l’étymologie de ce mot le mois dernier. Et bien voici le mal réparé :
Pyrénomycète est formé de "pyréno" provenant du grec ????? signifiant noyau et de "mycète", du grec ????? signifiant champignon.
Il est bon aussi de maitriser un peu de vocabulaire car il est bien spécifique pour cette famille de champignons. Un bon dessin valant mille mots, en voici un à consulter sur le site de Encyclopedia Universalis ; il est simple mais donne l’essentiel.
On notera aussi que les périthèces de certains pyrénomycètes peuvent se réunir en une masse dure collective appelée stroma.
Il faut retenir enfin que les pyrénomycètes sont des ascomycètes, c’est à dire qu’ils produisent leur spores dans une sorte de petits tubes appelés asques, comme les pézizes ou les morilles.
Voila, on en sait assez pour briller en société ou en congrès mycologique, revenons donc à notre Leptosphaeria acuta.
Habitat
A la base des tiges d’ortie (Urtica dioica) sèches de l’année précédente, visibles toute l’année et surtout de février à avril (octobre à avril selon Dennis). Les périthèces se développent sous le tissus cortical qui ne laisse alors apparaitre que les ostioles d’où s’échappent les spores.
Quand la tige de l’ortie est bien dégradée, l’enveloppe corticale de cette dernière se déchire et se détache, laissant apparaitre les périthèces.
Périthèces
Les périthèces, noirs, coniques, avec une petite cheminée terminée par une ostiole, mesurent entre 0.3 et 0.5 mm de diamètre. Une loupe est absolument nécessaire pour en découvrir toute la splendeur. Ils poussent en troupe mais ne s’agrègent pas en un stroma continu.
On n’observe pas de déliquescence à la potasse (KOH).
Spores
Comestibilité
Non comestible...
Références