Floraison de juin 2023

Par Michel NICOLLE

Heracleum mantegazzianum Sommier & Levier, 1895
Synonyme : Heracleum giganteum Fish. ex Hornem., 1819
Berce du Caucase, Berce de Mantegazzi
Famille des Apiacées

Cette Berce, la plus grande de toutes les Berces, plante exotique envahissante et qui peut atteindre 5 mètres de hauteur, est originaire du Caucase dans sa partie occidentale. Elle est naturalisée en Europe. La liste Taxref 12-V3 de 2020 du catalogue Île-de-France la classe comme très rare (RR), sténonaturalisée ou plantée/cultivée.

En France elle est présente et en expansion sur presque tout le territoire métropolitain à l’exception de plusieurs départements de la partie sud du pays (cliquer ici).
En Île-de-France, sa présence est sporadique et ne pose pas de problème pour le moment. La Berce du Caucase est inscrite depuis 2017 sur la liste réglementaire européenne des espèces exotiques envahissantes.

Petite histoire de sa découverte

Tout commence à Florence, en Italie. Émile Levier, médecin, se passionne pour la botanique et herborise en Italie et en Corse. Il rencontre Stephan Sommier. Ces deux botanistes entreprennent en 1890 un voyage dans le Caucase et récoltent les graines d’une grande ombellifère. Il s’agit d’une Berce nouvelle.

Il faudra attendre 4 ans pour que la plante arbore ses gigantesques ombelles.
Correvon, directeur du jardin de la société horticole d’acclimatation en Suisse, propagera l’espèce dans le milieu horticole, signant le début de sa dispersion en Europe.

L’espèce est signalée dès 1812 dans un jardin botanique proche de Moscou et les premières mentions de naturalisation datent de 1862, soit près de 20 ans avant la découverte de Sommier et Levier.
L’espèce aurait été introduite en France vers 1880 (Fournier, 1952).

Il est donc difficile de retracer l’historique de la dispersion de l’espèce en Europe. Toutefois, son caractère spectaculaire a sans conteste favorisé sa distribution par le biais d’échanges entre Jardins botaniques et entre botanistes.

Habitats

On la trouve sur les talus, terrains vagues, bords de routes, friches, berges des cours d’eaux, lisières de forêts alluviales et riveraines, sur sols humides et riches en azote, mégaphorbiaies.
La Berce du Caucase est une espèce très compétitrice formant des peuplements monospécifiques étendus (cliquer ici) qui ont un effet sur le fonctionnement des écosystèmes.
C’est une espèce très compétitive qui élimine de nombreuses espèces indigènes et entraine la rudéralisation du milieu.

Étymologie

Le nom de genre Heracleum est dédié au héros Hercule, par allusion au port robuste de la Berce.
Le nom d’espèce mantegazzianum a été donné en hommage à Paolo Mantegazza, anthropologue et explorateur italien.
Le nom vernaculaire, Berce, pourrait provenir du polonais « bartsch », une sorte de bière résultant de la fermentation des tiges, pétioles et semences.

Description

• La racine est une racine pivotante profonde, bien que, lorsque le substrat est dur ou caillouteux, elle peut produire de nombreuses racines latérales.
• La tige principale est très épaisse et creuse, avec un diamètre de 4 à 10 cm. Elle est plus ou moins cannelée, vert clair, teintée de nombreuses taches pourpres (rouge framboise à violet) et hérissée de poils rudes, épars lorsqu’elle est jeune.

  

• Les feuilles mesurent souvent plus d’1 m et peuvent atteindre 3 m en longueur (avec le pétiole) et jusqu’à 1,7 m de largeur. Elles sont divisées en lobes eux-mêmes découpées et dentées.

  

• Les fleurs, de couleur blanche, sont regroupées en ombelles de 15 à 20 rayons qui portent chacun une ombellule. L’ombelle terminale a 50 cm de largeur. La pollinisation est entomogame. La floraison a lieu, au bout de 5 ans, de juin à septembre.

  

  

• Les bractées sont très grosses.

  

• Les fruits sont des akènes (cliquer ici) de forme ovale-elliptique et largement ailés, à dissémination anémochore. La fructification a lieu à l’automne.
• Les graines, de 10 à 14 mm (cliquer ici), ont des côtes marginales bordées d’aiguillons recourbés vers le haut. Il peut y avoir de 5.000 à 100.000 graines par pied. Sur terre, elles sont disséminées par le vent (anémochorie) mais en général elles aboutissent à moins de 10 m de la colonie. La dispersion sur longues distances a lieu uniquement lors de vents forts. La plante se propage également par l’intermédiaire des activités humaines : pneumatiques de voitures, cueillettes des ombelles. Les graines peuvent aussi être transportées par les animaux (zoochorie).

L’ensemble de l’appareil végétatif contient des agents toxiques photosensibles appelés furocoumarines qui provoquent de fortes réactions cutanées allergiques (dermatoses) surtout quand la peau est exposée au soleil.

Mis à part les liens Internet, les photos sont de l’auteur et ont été prises près du parking des étangs de La Minière, situés dans la vallée de la Bièvre à Guyancourt dans les Yvelines.