Ouvrage de Gérard ARNAL
« Suivi de longue durée (1990-2020) de la flore vasculaire sauvage d’une commune francilienne. Applications et réflexions méthodologiques »
Ouvrage de 296 pages, édité par l’Association des Naturalistes des Yvelines. Parution juin 2021. Prix 27 €
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Une visioconférence de Gérard Arnal sur ce thème a eu lieu le 17 juin 2021 : présentation
La commune de Bois d’Arcy (Yvelines) est représentative des transformations subies depuis cinq décennies par un plateau agricole céréalier (ici le Plateau de Trappes) sous l’influence de la construction d’une ville nouvelle (ici Saint-Quentin-en-Yvelines et ses abords). Comment a évolué la biodiversité dans ce contexte ? Certains milieux ont été préservés (bosquets, bois), d’autres ont disparu (champs), d’autres sont apparus, de façon temporaire (friches) ou durable (bassins, garons urbains). Les milieux préservés ou nouveaux connaissent une forte fréquentation par les habitants et les visiteurs. Pour approcher ces évolutions, la flore vasculaire (= plantes à fleurs et fougères) spontanée et les groupements végétaux (appelés aussi « végétations ») sont de bons outils : d’observation facile sur le terrain, ils répondent rapidement aux changements des conditions écologiques. La flore « sauvage » de Bois d’Arcy a donc été observée de 1990 à 2020, d’abord de façon discontinue (avril 1990–mai 2006), puis de façon continue et très précise (juin 2006–octobre 2020). Tous les endroits accessibles de la commune (forêt, rues, parcs…) ont été parcourus, chaque année, pendant 15 ans. N’ont été exclus que les endroits privés clos et les endroits publics interdits, inaccessibles ou dangereux. Ce suivi a nécessité environ 700 sorties de terrain et plus de 2000 km à pied. Près de 7000 données (une donnée = telle espèce vue telle année) ont été recueillies.
La commune de Bois d’Arcy est peu étendue (548 ha), densément peuplée (plus de 15 000 habitants), urbanisée aux deux tiers, après avoir été totalement agricole jusque dans les années 1930 et d’où l’agriculture a disparu vers 2000, mais où la forêt feuillue occupe encore un tiers du territoire (forêt domaniale). La commune est située sur le plateau horizontal, au microrelief mollement ondulé, et sur le haut du versant nord de ce plateau. Les sols sont limoneux, neutres, fertiles sur le plateau, argileux, sableux, acides, pauvres sur le rebord du plateau et le versant. Le territoire est dépourvu de couche géologique calcaire à l’affleurement et de rivière ou de fleuve, mais comporte plusieurs petites pièces d’eau (mares forestières, bassins urbains récents). Le climat local est de type atlantique atténué, nuancé par un microclimat plus froid sur le versant exposé au nord.
L’inventaire 2006-2020 a recensé, même en excluant une soixantaine de plantes jugées non spontanées, un total cumulé de 568 espèces de plantes, ce qui représente 37% de la flore contemporaine d’Ile-de-France et 44% de la flore contemporaine des Yvelines. Les espèces rares (= classées « assez rares » à « extrêmement rares » en Ile-de-France) sont au nombre de 72, soit 13% du total. Parmi les espèces rares, 5 sont protégées (photographies ci-dessous), 15 menacées (Liste rouge régionale) et 20 déterminantes de Zone d’intérêt écologique, faunistique et floristique en Ile-de-France (plusieurs statuts sont possibles pour une même espèce). De plus, toutes les espèces extrêmement communes régionalement ont été observées à Bois d’Arcy. En ce qui concerne les végétations, 39 types ont été notés, soit 27% de ceux présents en Ile-de-France, ce qui est aussi un très bon résultat.
Ce premier résultat, compte tenu de conditions écologiques a priori peu favorables, est très surprenant et même spectaculaire. Il montre qu’une bonne diversité végétale peut subsister dans une commune qui s’est urbanisée, mais que ce patrimoine reste totalement méconnu, donc ni protégé ni mis en valeur. Beaucoup de personnes seraient surprises, par exemple, d’apprendre que l’Utriculaire citrine est une plante aquatique carnivore.
En ce qui concerne les nouveaux milieux urbains, l’inventaire a montré l’intérêt des gazons et de certains bassins. L’entretien actuel des premiers (tontes précoces, rases et fréquentes) devrait être allégé, au moins sur certaines zones préalablement définies, en informant les habitants. Ceci permettra, notamment, de ne plus entraver l’apparition récente constatée de plusieurs espèces d’orchidées (photographies ci-dessous).
Pour les seconds, l’entretien du bassin amont de la Croix Bonnet (répertorié en Zone d’Intérêt écologique, faunistique et floristique depuis 2012) est primordial, aussi bien pour sa partie « prairie » que pour sa partie « plan d’eau ». Le maintien de milieux ouverts herbacés, avec une flore diversifiée, est nécessaire aux nombreuses espèces d’insectes observées depuis 1999, en particulier 33 espèces de libellules (soit un tiers des libellules de France). Les actions (fauchage, pâturage, faucardage…) et les conditions (époques d’intervention, matériels, méthodes, types et nombre d’animaux…) pourront être définies dans un plan de gestion pluriannuel, concerté et évolutif.
L’ouvrage consacre un long chapitre à l’évolution des milieux de Bois d’Arcy (aquatiques ou humides, herbacés, forestiers, purement urbains) et aux actions concrètes et peu coûteuses envisageables pour préserver et accroître la diversité végétale et, à travers elle, la diversité animale (insectes et oiseaux notamment). Un dernier chapitre passe en revue les réflexions tirées d’un tel effort de prospection. Le minimum absolu d’investigation sur une commune se situerait à une cinquantaine de visites pendant un an, de mars à octobre, avec un pic en mai-juin, en visant les endroits les plus variés possible. Un compromis entre le temps passé et un très bon résultat serait de 6 ans, avec cette même pression d’observations annuelle.
Cet inventaire est le deuxième en botanique d’une commune française sur une telle durée. Étant donné qu’il se situe en Île-de-France et de par l’intérêt des conclusions apportées, cet ouvrage sera un mode d’emploi utile à tous les naturalistes désireux de participer à de tels inventaires et il pourra intéresser des communes ou autres en entités territoriales franciliennes soucieuses d’intégrer dans leur développement les aspects biodiversité.
Cet inventaire est le deuxième en botanique d’une commune française sur une telle durée. Étant donné qu’il se situe en Île-de-France et de par l’intérêt des conclusions apportées, cet ouvrage sera un mode d’emploi utile à tous les naturalistes désireux de participer à de tels inventaires et il pourra intéresser des communes ou autres en entités territoriales franciliennes soucieuses d’intégrer dans leur développement les aspects biodiversité.
L’auteur
Gérard Arnal est Ingénieur agronome de formation. Il a terminé sa carrière comme directeur-adjoint du Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien (Muséum National d’Histoire Naturelle). Il a été président du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) d’Île-de-France de 1999 à 2012 et, par deux fois, président de l’ANY. Il est l’auteur ou le co-auteur de plusieurs ouvrages sur la flore francilienne.