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Exposition "Reptiles et amphibiens"

du 8 juillet au 30 novembre 2017

Compte rendu de l’exposition "Reptiles et amphibiens"
du 8 juillet au 30 novembre 2017

par Ivana Velimirac

à Alain, homme-grenouille
à Catherine, gardienne des serpents

Lorsqu’on lui fait mal, il peut jeter un grand cri, analogue, dit le savant herpétologiste Lastaste, « au bruit que produit le frottement d’un parchemin tendre et humide. »
(Jean Rostand, La vie des crapauds, 1933)


Dans un cadre presqu’idyllique du château de Théméricourt (datant du XVe siècle, typique du Vexin français avec son étang alimenté par l’Aubette de Meulan et son parc de 6 hectares parsemé de quelques Ovis aries) qui abrite le Musée du Vexin et la Maison du Parc, se tient l’exposition consacrée aux « batraciens », réalisée par la galerie Eurêka, centre de culture scientifique, technique et industrielle de la ville de Chambéry.
En traversant la collection permanente de l’histoire culturelle et géologique du Vexin, de sa faune et de sa flore, nous montons à l’étage où, après une intéressante collection ethnologique du fond Vasseur-Loiseaux léguée par M. Roland Vasseur (objets d’art populaire : crémaillères, coqs sur les clochers, ustensiles de cuisine, objets votifs), nous attendent des crapauds et des vipères.
L’exposition permet de découvrir la diversité et la curiosité de ces espèces et de leurs milieux de vie grâce à deux dispositifs : des panneaux explicatifs – textes et dessins, photos accompagnées des fiches détaillées, ainsi que de plusieurs modèles et mécanismes interactives, de jeux mécaniques et des vidéos.

Affiche de l’exposition

Reptiles et amphibiens sont présentés et représentés d’une manière résolument ludique. Il est évident que l’exposition vise une population plutôt scolaire, mais comme il n’y a pas d’âge pour apprendre et s’amuser nous appuyons sur les boutons pour entendre les chants des grenouilles et nous soulevons les cartons qui cachent les explications – cette interactivité nous fait retomber en enfance, en blouse d’écolier.

Les panneaux sont thématiques, basés sur le principe question-réponse et abordent des sujets concernant la vie, la reproduction, la nourriture, les moyens de locomotions et l’environnement, jusqu’à la mythologie et le folklore.
Une seule branche scientifique – l’herpétologie – est dédiée à la fois aux reptiles et aux amphibiens (le panneau indique que le terme pour designer l’étude des seuls reptiles ou des seuls amphibiens n’existe pas. Sauf qu’il existe bel et bien : c’est la « batrachologie » qui traite plus spécifiquement des amphibiens et batraciens). Historiquement les deux ont été longtemps considérés comme animaux « à sang froid » et plus ou moins rampants (du grec ancien á¼‘Ï Ï€Î®Ï„ÏŒÎ½ / herpetón, « qui rampe »). Leur différence fondamentale, outre l’apparence, est le développement des embryons (libres et extérieurs chez les amphibiens, protégés par l’amnios, enveloppe protectrice, chez les reptiles – soit dans un oeuf à coquille dure soit dans l’utérus de leur mère, marquant ainsi l’émancipation du milieu aquatique).

Les amphibiens se divisent en deux grands groupes : urodèles et anoures – à queue visible (tritons et salamandres) et sans queue (grenouilles et crapauds) : Î¿Ï…Ï Î¬ / oura en grec signifiant « queue ». Le troisième ordre des amphibiens, le moins nombreux en espèces, sont les apodes – dépourvus des pieds donc vermiformes (appelés aussi cécilies ou gymnophiones). La plupart des amphibiens se métamorphosent : l’oeuf pondu dans l’eau se transforme en larve adaptée à la vie aquatique et qui se transforment plus tard à son tour en adultes (les larves des anoures sont connues sous le nom de têtards).

Les amphibiens et les reptiles réduisent leur métabolisme au minimum et hibernent (Le Crapaud calamite peut s’enfoncer jusqu’au 2m de profondeur dans le sol). Le chant des anoures, pourrait exprimer la détresse, une alerte ou de l’agressivité, mais le plus souvent c’est l’appel sexuel des mâles : nous apprenons que certains peuvent chanter plusieurs semaines avant l’arrivée de femelles, et que le concert de ce même Crapaud calamite s’entendra quelquefois à 2 km. Sans cordes vocales, les reptiles ne peuvent que siffler en expulsant brutalement l’air des paumons.

Les reptiles étymologiquement rampants (reptilis en latin), sont divisées en deux groupes : les squamates – avec des écailles, c’est-à-dire les serpents et les lézards, et les chéloniens – les tortues. Majoritairement ovipares (qui pondent des oeufs), ils comptent quelques représentants chez lesquels les oeufs se développent dans le corps de la mère (certains serpents et lézards).

L’accent est mis sur les espèces locales en décrivant en détail : Crapaud commun, Grenouille de Lessona, Alyte accoucheur, Sonneur à ventre jeune, Orvet, Cistude d’Europe…
Notons la présence d’une tête « écorchée » de serpent qui explique son odorat performant, la langue fourchue en liaison avec l’organe de Jacobson (spécialisé dans la détection des phéromones ; les molécules de l’environnement sont récupérées par la langue).
Les reptiles intriguent aussi par leur façon d’attraper et d’avaler son proie : soit par la langue couverte de mucus gluant d’un caméléon, tandis qu’un lézard se jette sur sa cible et la mord, une tortue la capture avec sa gueule pour la déchiqueter – chez tous : mastication proscrite !

Leur puissance symbolique est forte à travers des siècles et des civilisations : Héqet, déesse égyptienne à tête de grenouille qui anime les corps et donne le souffle de la vie, protège les femmes en couches et accompagne le roi dans son ascension céleste. Apophis, dieu de la mythologie égyptienne, ce « serpent géant » des forces mauvaises, personnification du chaos, de l’obscurité et du mal visant à anéantir la création divine dans le Livre des Morts. Ajoutons le serpent tentateur de la Bible et Quetzalcoatl, l’une des incarnations du serpent à plumes, principales divinités pan-mésoaméricaines. Et arrivant à la fin, la tortue, symbole de lenteur en Europe, l’allégorie du monde en Chine, détenant les secrets du ciel et de la terre. Au Japon, elle est symbole de chance et de longévité, ce qui ne l’empêche pas de jouer un rôle maléfique dans le folklore : en tant que kappa monstrueux qui vit dans les rivières et noie avec férocité ses victimes (Cf. D. Decoin, Le Bureau des Jardins et des Étangs).

L’exposition "Reptiles et amphibiens" a été une agréable plongée dans l’univers des herpétologues en rendant compte avec justesse de l’attirance repoussante de nos ancêtres à la respiration cutanée.

Dans la collection permanente  :

Crapaud votif en fer forgé

Ex-voto. Crapaud votif en fer forgé symbolisant l’utérus et la matrice féminine. Il était déposé dans certains sanctuaires pour solliciter une grossesse ou demander la guérison d’une maladie féminine. XVIIIe siècle ? Alsace

Gourde crapaud

Gourde crapaud, XIXe siècle. Normandie – Seine-Maritime – Martincamp

Photos d’I.V.

info portfolio

Crapaud Sonneur Alyte tête « écorchée » de serpent