(Par Étienne Varney)
Un après-midi agréable sous un soleil et des couleurs automnales où les amateurs de champignons et les amateurs d’insectes ont pu échanger.
Les insectes et les champignons : quel rapport ?
Comme illustration, l’article communiqué par l’OPIE de Remi Coutin (revue Insectes 2005) : Insectes mycophages
Et c’est le sujet du jour puisque les deux associations ANY et OPIE (Office pour les insectes et leur environnement) coaniment cette sortie.
En introduction, nous évoquons ainsi les Collemboles, coléoptères... qui se nourrissent de champignons souterrains, ou leurs fructifications terrestres (carpophore = partie reproductrice), ou bien le bois prédigéré par les champignons.
On cite aussi comme exemples :
– Les fourmis Atta champignonnistes qui vivent en Amérique centrale et du Sud ; la relation symbiotique est obligatoire pour les deux partenaires : Le champignon (Leucoagaricus gongylophorus) produit des renflements riches en nutriments dont les fourmis se nourrissent. Les Atta découpent en petits morceaux divers végétaux qui servent de supports à la culture du champignon.
– Les termites champignonnistes de la famille des Macrotermitinae en Afrique et Sud-Est asiatique : Symbiose avec des champignons lignolytiques ; les Termitomyces sont cultivés sur des meules (amas de boulettes d’excréments malaxées, mélangées à des fragments de bois). Le champignon prédigère les restes de végétaux (lignine et parfois cellulose) afin de les rendre plus facilement assimilables par les termites.
A contrario, certains champignons parasitent des insectes : c’est le cas des Cordyceps et Ophiocordyceps qui forment des stromas en massue sur des insectes qu’ils ont tués et digérés. Dans nos forêts, par exemple, Ophiocordyceps gracilis sur des chenilles mortes enterrées (larves de papillon de nuit du genre Hepialus).
Après ce préalable qui a permis aux retardataires de nous rejoindre, il est temps de rentrer dans la forêt.
Les nombreux participants ramènent quelques rares champignons aux mycologues pour détermination et description ; puis les entomologistes procèdent à une curieuse cuisine : le mycète posé sur le plateau blanc est secoué ou trituré afin de faire apparaître de minuscules arthropodes.
Nous avançons lentement sur le chemin avec quelques trouvailles :
De beaux Ascomycota en coupe, de couleurs variées :
– bleu-vert de Chlorociboria aeruginascens (Pézize turquoise)
– rouge de Sarcoscypha coccinea (Pézize écarlate)
– violet de Ascocoryne cylichnium.
Enfin, nous arrivons au fameux hêtre de Montaigu, fût couché dont nous suivons la décomposition fongique depuis plusieurs années et qui a hébergé plus de 30 espèces.
Confer l’article "Un hêtre mort et sa cohorte de champignons", ANY juin 2024
La liste des espèces de champignons rencontrés montre que 13 d’espèces cohabitent sur le hêtre pourrissant, sans compter plusieurs Myxomycètes (pas un Fungi mais dans le règne des Protozoa) dont de beaux Arcyria.
– Et une nouvelle espèce, Pluteus thomsonii, spectaculaire non pas par sa taille mais par l’aspect très ridé du chapeau.
– un autre plutée au chapeau entièrement hérissé, Pluteus umbrosus.
Un peu plus loin, sur brindilles, 2 plutées du même genre.
– dont le rare Pluteus hispidulus, et celui-là, il faut le voir : 1 cm de diamètre mais en sortant la loupe, on reste ébahi.
Pour la partie insectes, on se réfèrera à l’article reportage de Gilles : Insectes et champignons – Nature Yvelines.
Et à ce sujet, nous rappelons la conférence de Gilles sur les Cicadelles qui aura lieu le samedi 7 décembre prochain à Versailles.
Nous remercions Anita, Christelle, Charlotte, Bruno, Patrick, Étienne, Jean-Marc pour les photos.
Et merci à Hervé, Gilles et Patrick pour ce partage du monde des insectes.