Nous étions 16 personnes pour cette sortie botanique au Parc du Peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy. Ce parc de 113 hectares, composé à l’origine de deux carrières de granulats et d’une exploitation agricole, est devenu avec le temps un espace en friche. Sa reconversion en espace à vocation écologique, récréative et paysagère a été mené de 2012 à 2017, date de l’ouverture du parc au public.
C’est le plus grand parc des Yvelines, classé en ENS (Espace Naturel Sensible) et ZNIEFF de type 2. Les deux anciennes carrières de granulats sont devenues, par infiltration de la nappe phréatique, l’étang de la Galiotte et l’étang de la Vieille ferme. Le parc comprend aussi un certain nombre de mares, toutes artificielles, et des espaces aménagés en prairies.
Lors de cette sortie botanique nous avons herborisé dans trois secteurs : La grève alluviale, les berges de l’étang de la Vieille ferme et le chemin reliant ces deux endroits.
La grève alluviale en bord de Seine
Cette partie du parc a subi une crue en février 2021 et malgré la mise à nue des sables de la grève, suite à cette inondation, la végétation s’est à nouveau bien développée.
Une très grande partie de cette grève et de ses abords est envahie par un Aster d’origine américaine, en réalité un hybride, Symphyotrichum x salignum, Aster à feuilles de Saule, à fleurs blanches. Cet Aster, devenu envahissant a tendance à étouffer le milieu.
Parmi les nombreuses plantes de cette grève alluviales (voir en fin de compte-rendu la liste des plantes rencontrées) nous avons pu observer :
- Deux Bidents : Bidens tripartita, Bident trifolié et Bidens frondosa, Bident à fruits noirs. B. frondosa se distingue de B. tripartita par ses feuilles divisées en trois ou cinq folioles pétiolulées.
- Une rareté, Artemisia biennis, Armoise bisannuelle (un seul pied). Cette Astéracée est notée « extrêmement rare » en Île-de-France.
- Chenopodium ficifolium, Chénopode à feuilles de figuier que l’on peut confondre avec le Chénopode blanc mais qui s’en distingue par le limbe foliaire muni à sa base d’une paire de lobes.
- Artemisia annua, Armoise annuelle, notée « rare » en Île-de-France. assez abondante sur le site.
- Quelques pieds d’une Poacée, Echinochloa crus-galli, Pied-de-coq.
- Erigeron canadensis, Vergerette du Canada, espèces très commune, en très grand nombre d’exemplaires.
- Une Chénopodiacée, Oxybasis rubra var. rubra, Chénopode rouge, noté « assez are » en Île-de-France.
- De très nombreux pieds de Persicaria lapathifolia, Renouée à feuilles de patience et de Persicaria maculosa, Renouée Persicaire. On distingue ces deux espèces par les ochréas, qui enserrent la tige. Ils sont velus chez P. maculosa et glabres ou à peine ciliés au sommet chez P. lapathifolia.
Le chemin menant à l’étang de la Vieille ferme
Cette partie nous a montré quelques plantes intéressantes :
- Un pied d’Aristolochia clematitis, Aristoloche clématite, avec un très gros fruit (voir photo). C’est une espèce assez rare.
- Un pied imposant d’Humulus lupulus, Houblon grimpant.
- Quelques pieds d’Hypericum perforatum, Millepertuis perforé à la tige ronde parcourue par deux lignes saillantes. Les feuilles sont creusées de nombreuses glandes transparentes.
- Lepidium graminifolium, Passerage à feuilles de graminée, noté « très rare » en Île-de-France.
- Quelques beaux pieds d’Odontites vernus subsp. serotinus, Odontite tardif.
- Une ou deux colonies de Reynoutria japonica, Renouée du Japon, avec ses petites fleurs blanches. Cette Renouée, particulièrement invasive, fait l’objet d’un suivi par les responsables du site afin de tenter de l’éradiquer.
L’étang de la Vieille ferme
Le bord sud de l’étang, dans sa partie exondée, est envahi par le Mélilot blanc, Melilotus albus, en grande extension depuis environ deux ans et qui a tendance à étouffer les autres plantes de ce milieu humide. La salicaire, Lythrum salicaria, est très représentée, au point de devenir envahissante sur cette partie du site.
Parmi les autres plantes (voir liste en fin de compte-rendu) nous avons rencontré quelques spécimens intéressants par leur rareté :
- Bidens cernua, Bident penché, noté « NT » (espèce quasi menacée) sur la liste rouge UICN en Île-de-France. Ce Bident, « très rare » se distingue des autres espèces du même genre par des feuilles entières, des capitules penchés à maturité, des bractées internes striées de noir et des akènes généralement surmontés de 4 arêtes au lieu de 2 chez les autres Bidents. On y retrouve aussi les deux Bidents observés sur la grève alluviale, Bidens tripartita et Bidens frondosa.
- Rumex maritimus, Patience maritime, « rare » en Île-de-France. C’est en général un Rumex de petite taille, à feuilles entières lancéolées et des valves fructifères bordées de longues dents.
- Une Jussie exotique envahissante, Ludwigia peploides, Jussie rampante, avec ses fleurs jaunes. Cette espèce, notée « extrêmement rare » en Île-de-France, a envahi les berges et les fossés de cet étang. Cette prolifération particulièrement intense s’explique par un niveau de l’eau assez élevé cette année, recouvrant les berges souvent exondées à cette époque. En effet, cette espèce a besoin, pour se développer, d’une certaine hauteur d’eau. Son éradication, par arrachage manuel, est prévue en septembre.
On a pu aussi observer un pied de grand plantain d’eau, commun, Alisma plantago-aquatica, dont les fleurs blanches forment une grande panicule pyramidale.
Pour conclure, nous avons fait de belles rencontres botaniques dans un parc d’une grande diversité floristique.
Photos Michel Nicolle et Frédéric Della Giusta