Compte rendu de la sortie dans la Carrière du Bois des Roches à Vigny (95), le 18 mai 2024
Située dans le Parc Naturel Régional du Vexin (PNR) sur d’anciennes carrières de calcaire exploitées et étudiées aux XIXe et XXe siècles, la réserve naturelle régionale de Vigny-Longuesse (RNR), appartient au Département du Val d’Oise qui la gère depuis 2003. C’est un site géologique internationalement connu car il a contribué à la définition de l’étage du Danien, premier étage de l’Ere tertiaire, donc au contact des terrains du Secondaire. Au coeur de l’anticlinal de Vigny se trouve une boutonnière où affleurent la craie campanienne, et les calcaires daniens dont le calcaire dit « pisolithique » ; on trouve ici les trace de coraux : le « seul complexe récifal du tertiaire connu dans du Bassin parisien ».
Gérée de façon à préserver un site d’intérêt scientifique majeur et permettre l’observation d’un milieu naturel en évolution, la réserve abrite une ZNIEFF de type I. On y trouve 354 espèces végétales, (parmi lesquelles plus de 60 sont remarquables (R) en Île-de-France, et 8 très rares, « vulnérables » en IDF) et 485 espèces animales. C’est énorme et nous n’avons que trois heures !
Ce site magnifique accueille notre petit groupe par un temps printanier presque estival.
D’abord impressionnés par l’abondance des Orchis pyramidales en fleur, nous nous laissons prendre par le paysage, contemplons, et prenons les premières photos.
La première exploration sur la friche thermophile calcaire, colorée de jaune et de rose, nous montre une quantité d’hippocrépide à toupets (Hippocrepis comosa) aux gousses articulées en formation ; puis se révèlent le minuscule Lin purgatif (Linum catharticum), un trèfle difficile à déterminer (petit, seul, et pas le droit de cueillir…), et encore le Clinopode acinos au calice enflé en bosse (Clinopodium acinos), la pimprenelle en fleur, (Poterium sanguisorba) et l’hélianthème qui commence à fleurir (Helianthemum nummularium). En plusieurs endroits grandissent de nombreux orchis bouc (Himanthoglossum hircinum).
Un tour dans le bois nous permet de trouver les premières orchidées fleuries : Listère ovale (Neottia ovata), Céphalanthère de Damas (Cephalanthera damasonium), Planthère verdâtre en boutons (Platanthera chlorantha), Orchis pourpre (Orchis purpurea), plusieurs pieds d’Arabis hirsuta, et quelque ligneux : Cytise faux ébénier (Laburnum anagyroides), Cornouiller sanguin, (Cornus sanguinea), Cerisier de Sainte Lucie (Prunus mahaleb), Eglantier (Rosa canina). Le rosier rouillé pourtant annoncé présent ne se révèlera pas, dommage !
Avant de regagner la friche basse, moment de contemplation depuis le Belvédère, puis descente par les escaliers où fleurit de nouveau l’hélianthème.
Notre visite continue sur le chemin en sous-bois, parallèle à l’Aubette. Beaucoup de satisfactions nous sont offertes : nombreuses colonies d’Ophrys mouche (Ophrys insectifera), nombreuses Ophrys abeille (Ophrys apifera), quelques belles Pourpres, et un seul Orchis militaire (Orchis militaris). Des Silènes viennent se mêler des discussions : le Compagnon blanc, (Silene latifolia) dioïque, au calice velu et veiné de pourpre, et le Silène enflé (Silene vulgaris ex S. inflata) au calice glabre et « joufflu »). Nous pensons au jeune Silene, fils de notre botaniste C. : Bienvenue jeune homme ! et merci à ta maman pour sa participation généreuse et talentueuse à notre sortie.
Deux ou trois d’entre nous ont vu une Orobanche, mais nous ne l’avons pas identifiée sur place. D’après la photo il pourrait s’agir de O. picridis, velue et à stigmate violet sombre, mais d’autres éléments seraient utiles. La question reste ouverte.
Vers la fin du chemin, des gros blocs et des morceaux de calcaires nous permettent avec l’aide d’Étienne de voir de près le calcaire pisolithique, les traces de coraux, et de remettre en ordre - non sans mal - les Eres du Primaire au Quaternaire !!!
En remerciement, un joli compagnon jaune (Hygrocybe de Konrad) est venu couronner l’après-midi de nos deux mycologues..
Nous aurions voulu tout voir et surtout l’Ophrys bourdon (O. fuciflora) mais il n’était pas là ; pourtant une plante nous a troublés : Ophrys abeille avec un appendice apparent ! Renseignements pris sur le livre de la SFO dirigé par M. Bournérias, Orchidées de France, Belgique et Luxembourg, il s’agit bien d’une abeille, au labelle étroit et incurvé avec appendice toujours visible : O. apifera var. curviflora A. Soulié. Occasion d’apprendre qu’apifera est souvent autogame, ce qui est probablement à l’origine d’un nombre important de variétés et de formes aberrantes !
Cette sortie dont la préparation sur le terrain était réduite, a favorisé la collaboration de tous : ambiance détendue, studieuse et chaleureuse appréciée. Merci !
Sur la liste jointe, figure l’ensemble des plantes susceptibles de se trouver sur le site. Un astérisque (*) signale celles que nous avons réellement vues.
Le document édité par le CRDP « Les carrières du bois des Roches à Vigny dans le Val d’Oise » peut être téléchargé : Brochure.
ML Dussarrat